La Voyance c'est quoi ?

2016

Classée entre l'ufologie, les mythes et religions, et bien d'autres choses, elle fait partie du paranormal.
Et là dedans, on distingue plusieurs catégories entre elles, subdivisées on ne sait comment. Alors comment, donc, s'y retrouver ?

Existante depuis la nuit des temps, la divination, pour lui donner son nom originel a toujours accompagné l'humanité. On la trouve dans les premiers agrégats de civilisations antiques, mésopotamienne, égyptienne, et autres. Sous forme d'aspect religieux, avec des castes sacerdotales des dieux antiques, sous formes de mancies, dont la divination, et l'astrologie dont sont dérivées, ensuite, l'astronomie, le calcul calendaire,...

Sous forme sociétale, avec les scribes, les apothicaires, la médecine, l'architecture monumentale, la législation, l'agronomie,...tant et tant de secteurs d'activités, dont personne ne soupçonne la paternité.
Parfois décriée, parfois reconnue, parfois tolérée, au gré des époques de l'humanité, elle est toujours présente, dans le monde. Et personne ne pense qu'il la pratique dans la vie quotidienne. Qui n'a jamais consulté un voyant ou son horoscope ? Qui n'a jamais prié dans un lieu de culte (théurgie) pour améliorer une situation difficile en invoquant Dieu, un saint ou les Anges, face à l'autel ou l'officiant (doxologie) ? Pourtant, elle est diverse, variée, partout dans le monde, dans ses rituels, codes, sous divers noms. Dans les antiquités, on dénommait Pythie, Voyant, Devin, Druide, Vestale, Flamine, Magistrat, Augure, Chaman, Sorcier, Païen, Grand Prêtre, celui ou celle qui pratiquait la divination, soit directement par médiumnité, ou avec mancies (supports divinatoires). Maintenant, on dit Voyant-Médium (le terme linguistique le plus employé).



Qu'en est il aujourd'hui ?

La voyance (son nouveau nom générique) s'est adaptée à la vie moderne, tout simplement. Elle est devenue, enfin, un secteur d'activité professionnelle, comme les autres. Enfin, pas tout à fait, car elle oscille entre les rationnels qui ne croient pas, les extrémistes religieux qui voient toujours un rapport avec le Diable, et les margoulins de toutes espèces qui se sont engouffrés dedans pour gagner beaucoup d'argent. Avec deux problématiques: une, légale, puisqu'il n'existe pas de statut social quand aux pratiques, deux, pour une absence de toute formation conduisant bien des praticiens à n'avoir aucune culture ésotérique sur le secteur d'activité où ils pratiquent.
Personnellement, j'estime, avec une grande générosité, à seulement 5 %, les vrais professionnels qui ont une vraie culture occultiste et qui savent de quoi ils parlent. Les autres ? C'est assez folklorique, il faut l'avouer. On a vu quelques reportages, on a lu quelques livres, ou quelques sujets sur internet. Et çà y est on est devenu le nouveau Messie, ou le nouveau prophète annoncé depuis la nuit des temps,...Sauf, qu'il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus. N'est pas voyant qui veux, car c'est à la mode,...

On pratique un métier sous forme empirique. C'est comme si à l'instinct uniquement, un pharmacien délivrait des médicaments, sans avoir fait les moindres études de pharmacologie. Ou un toubib qui opère sans avoir la moindre notion de l'anatomie humaine. Cela fait un peu froid dans le dos ?
Donc, sans savoir l'histoire, les chronologies, la finalité, le sens profond de la consultation, les supports, les comparaisons avec d'autres formes, on fait. Mais, c'est quoi exactement cette notion de voyance ?
C'est cette perception visuelle ou auditive, navigant à vitesse fulgurante, entre les limites de la paranoïa (décorticage extrêmement fin d'une situation donnée avec de grandes précisions) aux limites de la schizophrénie (examinant toutes les solutions possibles, y remédiant, même avec des idées délirantes). Le rationnel et l’irrationnel absolus, en même temps, pour trouver l'équilibre entre les deux, dans un cheminement intellectuel dualiste, sans sombrer dans la folie. Naviguant tout aussi vite, dans les limbes du passé, le présent et se projetant dans le futur. Pas évident que tout ceci,...

Pour certains, ce sont des écoles de pensées différentes mais tout aussi légitimes, il ne faut que prédire (dire avant) et pour d'autres, il faut aussi conseiller le consultant. C'est mon choix personnel, sur ce dernier point. Dans le cadre de la consultation, je considère le consultant avec son cheminement personnel. C'est à dire, lui expliquer la situation comme je la ressens et lui conseiller les meilleures pistes pour servir ses intérêts au mieux.
Certains et beaucoup ne font pas de la voyance médiumnique, au sens propre du terme. Ils ne font que de l'interprétation technique de leurs supports de mancies (astrologie, numérologie, taromancie, cartomancie,...). Et j'en connais qui sont excellents dans la maîtrise de leurs arts, voire bluffants. Personnellement, je considère qu'il n'y a pas de honte à s'intituler astrologue ou numérologue, ou machin en logue, si l'on est très bon sur le sujet.



La finalité de la voyance, direz vous ?

On ne vient pas voir un voyant, parce qu'on a vu une publicité, ou par hasard. C'est un acte délibéré de la part du consultant qui est en proie à des difficultés d’existence, sur nombre de sujets et qui a besoin d'être éclairé sur son devenir. Que mes collègues dames m'excusent de ne pas féminiser les termes, c'est juste par simplicité orthographique, laissant le soin aux lecteurs, de faire le boulot de traduction féministe. Le rôle du praticien est donc multi-forme: ami, grand frère, père, homme de Dieu, confident, toubib, assistante sociale, conseiller matrimonial, fiscal, professionnel, psychologue,..tout en même temps, en un laps de temps réduit (le temps de la consultation). D'où l’intérêt pour les professionnels d'avoir une culture très large, car les consultants ont fait généralement des études, et on évite de leur faire du basique,...

On a donc deux versions de la consultation. La commerciale qui consiste à dire beaucoup de généralités et chacun y trouvera son petit bonheur, en décortiquant ou analysant le discours à sa façon,...La traditionnelle qui consiste à prendre le consultant dans sa dimension globale, le corps et l'esprit. Dans un seul but, décortiquer objectivement les éléments de faits passés ou présents, et orienter le consultant vers une vie meilleure.

Dans le premier cas, les personnes sont des clients, dans le second, des consultants. Pas le même mot, pour distinguer justement qu'elle est la part de l'humanisme dans la pratique du métier. Humanisme qui consiste à accompagner l'autre à l'aide d'un don précieux: celui de percevoir l'avenir. C'est bien ceci la finalité de la consultation de voyance, emplie de dimension spirituelle que l'on ne peux scinder. Enlevez la dimension spirituelle et humaniste de la voyance, et ceci se dénomme commerce. Voire attrape nigaud ou escroquerie pure et simple.

Psychologue ? Toubib ? Mon Dieu, les corporations médicales vont faire feu de tout bois, pour défendre leurs beefsteacks. Personnellement, je pense être un très mauvais voyant, car j'ai beau scruter la Bible, le Coran, la Thora, l'histoire grande ou petite, je trouve des citations sur les voyants et les prostituées à foison (on ne sait qui est le plus vieux métier du monde des deux) dans les livres saints ou les tracas de l'Inquisition, mais on ne parle nullement de ces corporations, qui n'ont pas de légitimité historique en tant que telles, mais sous forme d'héritage indirect. Donc, c'est bien par concurrence professionnelle et financière que l'on dénigre d'un coté quelque chose qui existe depuis bien longtemps et qui est à l'origine de bien des concepts actuels. Bien sûr, qu'il faut être aussi un bon thérapeute traditionnel et un bon psychologue, quand on est voyant, sinon, il faut faire autre chose.
Avec de simples mots, et des énergies positives, comme aux traditions antiques de l'école des thérapeutes d'Alexandrie, dont le chantre le plus célèbre fut Philon,...les voyants soignent l'âme et le corps. Encore aujourd'hui. Aujourd'hui, on accepte ceci. Dans quelques siècles, la science aura compris les ressorts de ce qu'est la divination. Peut être, alors, aura t'elle retrouvé sa vraie place dans la société ? Qui est voyant ou ne l'est pas ?



Tout le monde est voyant.

Tout le monde possède un 6eme sens, qui lui dit qu'il va y avoir problème, sauf que l'humain ne l'écoute pas souvent par esprit très cartésien ou formatage intellectuel religieux ou sociétal. Il est si loin que cela cet instinct de survie, de prescience, du temps de l'homme des cavernes, quand l'être humain n'était guère loin de l'animal ? Regardez, ouvrez les yeux. Quand un tremblement de terre va se manifester, ou un volcan exploser, que font les animaux quelques temps avant ? Ils partent très loin se mettre en sécurité. Que font les humains ? Et bien rien. Ils assistent, en spectateurs, à l’événement et comptent les dégâts ensuite. Franchement, et si l'on écoutait cette petite voix intérieure ?

En faire un métier est autre chose. J'ai maintes fois constaté que les vrais professionnels sont des personnages très atypiques, ayant souvent côtoyé la mort de très prés, ayant survécu dans leurs strates de vie à de terribles épreuves. C'est souvent cette résistance à ne pas se laisser vaincre par l'adversité qui leur a donné ou approfondi cette hyper sensibilité permettant de s'affranchir de tous concepts prédéterminés. N'est ce pas Jamblique, qui disait "car les théurges ne sont pas voués aux troupeaux de la fatalité ". Dans cet esprit dualiste en permanence, il faut être très fort et très fragile psychologiquement. Être en empathie, mais ne pas se laisser déborder par la sympathie avec le consultant. Être en osmose, mais pas en symbiose. Être rationnel et irrationnel en même temps. Avec des valeurs de simplicité, de naturel, d'humilité, de confiance en l'avenir. Combien y ont laisser leurs raisons s'égarer dans les limbes de la folie ? Donc, ce n'est pas évident.

Les plate-formes de voyance téléphonique animées par des clowns ? Les travaux occultes qui ne sont que des escroqueries patentes ? Et tant d'autres arnaques, dans la voyance, sont t'elles de la voyance ? Pas un seul instant. Ce n'est que du commerce orchestré derrière un bel écran de fumée, sur un fond vaguement ésotérique, juste pour plumer des pigeons prets à croire n'importe quoi. Et c'est fort dommage, pour l'image de la voyance traditionnelle, qui doit se coltiner de tels personnages dans son sillage.



Denys Raffarin pour AVS/2016

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